Les humains comme les animaux font une utilisation de l’espace qui peut être conceptualisée, définie et décrite. Dans les deux cas, cette conceptualisation est formalisée par l’homme mais sa réalité pratique et sa représentation varie en fonction des sociétés humaines, des espèces animales et des contextes environnementaux/sociaux, sans toujours « respecter » une définition théorique, disciplinaire, ou collective. Le concept de territoire en est une illustration et notre propos est ici de cerner dans quelle mesure le « territoire », ou la « territorialité », recouvre des réalités différentes entre des géographes et des écologues. En effet, chacun utilise différents outils et méthodes pour étudier différents facteurs pouvant influencer un objet commun, en utilisant le mot territoire comme référence spatiale, sans pour autant qu’il ait le même sens ou la même réalité pour chacun des acteurs impliqués. Chacune des deux disciplines a évolué plus ou moins indépendamment quant à la définition conceptuelle de territoire. Les réflexions et débats sur ce concept s’inscrivent donc dans des histoires propres, qu’il convient d’interroger pour mieux comprendre les acceptions actuelles et en dégager la construction anthropocentrée. Les deux disciplines font, certes, référence à un espace mais il est approprié, utilisé et représenté de manières différentes. Il est aussi possiblement associé à des frontières, à des contrôles de ressources, des représentations ou à des hiérarchies d’utilisation qui ne recouvrent pas, là non plus, toujours des réalités sociales et biologiques comparables. Comment croiser les concepts de ces deux disciplines nous permettrait de mieux interroger les animaux ?