L’âge du Bronze et le premier âge du Fer en France sont caractérisés par un nombre très important de dépôts métalliques terrestres, rassemblant des objets en nombres variés, de quelques spécimens à plusieurs milliers. Au nord-ouest de la France, ce phénomène est particulièrement important. Il est ainsi possible de réaliser une vaste étude des compositions chimiques élémentaires, en lien avec la chronologie, la localisation et la typologie des objets. L’analyse par ICP-AES (Laboratoire Archéosciences) est une méthode classique pour l’obtention de la composition chimique élémentaire. C’est l’approche statistique qui fait l’originalité du sujet. Ainsi, ce sont plusieurs dépôts de chaque époque qui sont pris en compte dans des régions ciblées. Dans la mesure du possible, la totalité des objets dans les dépôts est analysée. Pour les plus imposants, c’est un échantillonnage raisonné et représentatif qui est effectué. Actuellement, ce sont plus de 1160 objets qui ont été analysés, essentiellement dans le nord-ouest de la France. Dans un premier temps, l’homogénéité des objets a été testée en doublant les analyses. Ainsi, grâce à cette similarité de signature chimique sur l’ensemble d’un objet, il est possible de dire si deux fragments proviennent d’un même objet ou non. Cette donnée est importante pour la restitution des objets provenant des dépôts où ces derniers sont particulièrement fragmentés, comme c’est le cas pour l’horizon du Bronze final 3b atlantique. L’approche statistique permet de cerner des signatures chimiques fines et parfaitement identifiables, basées sur les teneurs en éléments en trace, caractéristiques et différentes des grandes périodes de l’âge du Bronze et du premier âge du Fer dans le nord-ouest de la France. Cela laisse supposer que le recyclage du métal d’une période de l’âge du Bronze à une autre n’est pas un phénomène majeur, et que beaucoup de métal neuf a dû être régulièrement consommé et importé, la région ne possédant pas de gisements de cuivre suffisamment importants pour une telle production. Ces résultats mettent en évidence l’emploi de cuivre de régions différentes de l’Europe pour trois périodes en particulier (BM1 atlantique, BM2 atlantique et BF1 atlantique), avec changement des voies d’approvisionnement au moment des transitions, brutal entre le BM 1 atlantique et le BM 2 atlantique, et progressif entre le BM atlantique 2 et le BF 1 atlantique. L’approche statistique permet également de choisir les échantillons réellement représentatifs de cette signature chimique et écarter ainsi des objets exogènes ou pouvant être le résultat d’un recyclage, ou d’un mélange de cuivres de différentes origines, pour réaliser dans un second temps des analyses isotopiques du plomb par ICP-MS quadrupôle. La comparaison de ces signatures chimiques et isotopiques avec celles des grands gisements miniers de cuivre contemporains européens permet alors de proposer une origine de ce métal. C’est ainsi que, pour la première fois, une origine peut être proposée pour des objets en Bronze de l’âge du Bronze du nord-ouest de la France : à l’époque du BM 1 atlantique (horizon de Tréboul), le cuivre pourrait provenir de Grande-Bretagne.