Les barrages à poissons au Mésolithique. Une économie de prédation ou de production ?
Résumé
Fishing weirs are currently considered as providing one of the principal sources of food supply for Mesolithic groups living near aquatic environments. Recently, archaeological research has revealed numerous indications through the study of bone assemblages of bone remains and especially the excavation of fishweirs, particularly in Northern Europe and North America. Unfortunately, this activity only leaves subtle specific archaeological traces, and these sites are often largely exposed to rapid destruction. Nevertheless, ethnology comes to our help by pointing out the significant role of fishing weirs in traditional societies. A careful study of this activity challenges the anthropological classification between foragers and producers. Indeed, if fish trapping corresponds to the harvesting of a wild resource, the building of a fishweir involves conditions that influence on the ways of life, especially with regard to coastal socie-ties. The control of the fish traps therefore implies a form of sedentary life style and their building requires a collective effort. In addi-tion, their exploitation provides access to resources that exceed the simple needs of a group. Moreover, the use of wood with standar-dized shape and dimensions for the building and maintenance of ‘fisheries’ involves the management of wood resources similar to that practiced by farmers, in particular through coppicing. These original ways of life and management practices apparently are opposed to the academic view that perceives the activity of hunters-gatherers as the haphazard harvesting of an unlimited natural resource.
Les barrages à poissons sont aujourd’hui considérés comme l’une des principales sources d’approvisionnement alimentaire des populations mésolithiques vivant à proximité des espaces aquatiques. L’archéologie en a récemment montré de nombreux indices au travers de l’étude des assemblages de restes osseux et surtout de la découverte de sites de barrages, notamment dans le Nord de l’Europe et en Amérique du Nord. Il s’agit malheureusement d’une activité qui laisse peu de traces archéologiques spécifiques et dont les installations sont souvent largement exposées à une destruction rapide, mais l’ethnologie vient à notre secours pour mieux mettre en valeur sa place dans les sociétés traditionnelles. Un regard attentif sur cette activité permet d’aboutir à un bouleversement de la classification des sociétés humaines entre prédateurs et producteurs. En effet, si le geste de piéger un poisson relève bien d’un prélèvement direct sur une ressource sauvage, la construction d’un barrage implique des contraintes qui n’ont pas été sans influence sur les modes de vie, notamment ceux des populations littorales. Ainsi la surveillance des barrages impose une forme de sédentarité, leur construction offre une forte dimension collective et leur exploitation apporte des ressources qui dépassent les simples besoins d’un groupe. De plus, les besoins en bois de dimensions et de forme standardisés pour la construction et l’entretien des « pêcheries » impliquent une gestion de la ressource en bois proche de celle du monde agricole, notamment à partir de la pratique du recépage. Ces modes de vie originaux et ces règles de gestion peuvent apparaître comme antinomique d’une vision académique percevant l’action des chasseurs-collecteurs comme le prélèvement désordonné d’une ressource naturelle sans limite.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt
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