Gestion hospitalière : menaces sur la phronesis - Sciences de la vie - Ethique Accéder directement au contenu
Autre Publication Scientifique Année : 2017

Gestion hospitalière : menaces sur la phronesis

Résumé

Réduite à son os, la pratique médicale est une rencontre singulière qui rassemble, le plus souvent dans un espace-temps spécifique et délimité –ici, nous ne parlerons que de l’hôpital - , un animal politique qui dispose du langage, un corps parlant, – un humain donc qui souffre et demande de l’aide, et un autre humain, femme ou homme de métier qui met au service du premier ses compétences et sa sollicitude, et qui a fait serment de placer les intérêt du souffrant au-dessus de tous les autres. Cette rencontre mobilise des registres très hétérogènes : science, corps, langage, normes, émotions, etc. Schématisée à l’extrême, la description de la clinique sous l’angle des actions du médecin est celle d’une succession de décisions débouchant sur des gestes à visée thérapeutique et plus largement de soin. Ces décisions font intervenir ensemble des connaissances (savoirs scientifiques et d’expériences), des argumentations, un dialogue, de façon à articuler une situation contingente avec des règles plus générales. La pratique médicale est l’art de nouer tout cela, de l’intégrer avec tact dans des gestes et des paroles qui déterminent une trajectoire - diagnostic et thérapie - sans garantie de réussite a priori, car le médecin ne sait pas « à l’avance où passe la limite entre le nocif, l’innocent et le bienfaisant ». La fragilité inhérente à toute pratique affecte aussi la médecine. Elle est irréductible car le destinataire de la pratique médicale est l’individu, tel homme, et non pas l’homme en général . Si la science médicale a supposé pour se constituer « la mise entre parenthèses du malade », la pratique clinique requiert, pour y faire retour, de mettre entre parenthèses, sans la répudier, l’objectivité de son savoir . « Le souci de l’individualité souffrante, qui en constitue la raison d’être et la source, doit rester le cœur [de la médecine]. » Comme toute pratique, celle de la médecine « suppose des normes d’excellence, d’obéissance à des règles, ainsi que la réalisation de biens », dont les biens internes « ne peuvent être identifiés et reconnus » qu’en y participant . Certaines qualités sont requises pour que la pratique s’accomplisse « dans les règles de l’art », et les institutions (ici, nous nous intéresserons à l’hôpital) sont les terreaux où se cultivent, ou au contraire se défont, ces qualités. Nous entendons montrer la place centrale pour la pratique médicale de la phronesis (§1), adaptée à la clinique du cas (§2) et supposant de l’expérience (§3), avant d’indiquer en quoi l’institution hospitalière, quand elle adopte de nouvelles règles de gouvernance, déconstruit le terreau nécessaire à son épanouissement (§4).

Domaines

Ethique
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02151323 , version 1 (07-06-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02151323 , version 1

Citer

Jean-Christophe Weber. Gestion hospitalière : menaces sur la phronesis. 2017. ⟨hal-02151323⟩
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